Apprendre à investir en start-up : comment mettre en place sa thèse d'investissement quand on commence à investir ?

Corentin ORSINI
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Corentin ORSINI

Investir peut sembler intimidant, surtout quand on débute dans le domaine. Des termes techniques à comprendre, des risques à évaluer, des stratégies à mettre en place... Bref, il peut être difficile de s’y retrouver.

Pour réussir, l'une des étapes les plus importantes est de mettre en place une thèse d'investissement solide. Comment l’établir ? On t’explique tout !

Qu'est-ce qu'une thèse d'investissement ?

Avant de commencer, une petite définition s’impose. Une thèse d'investissement est une stratégie qui guidera tes décisions d'investissement. Une bonne thèse d'investissement doit être claire, concise et facile à comprendre, mais aussi flexible et adaptable aux changements économiques.

1ère étape : Diversifier ses investissements

La règle numéro 1 par excellence, et qui s’applique à tous types d’investissements, c’est la DI-VER-SI-FI-CA-TION. Ne mets jamais tout ton portefeuille dans une seule et même start-up, ni même dans une seule typologie d’investissement. À la place, équilibre entre :

  • L’immobilier
  • Les boîtes cotées
  • Les fonds divers et variés
  • Les Private Equity et les start-ups

Pour te donner une idée — sans penser à mon métier d’investisseur VC — à titre perso j’ai, à peu près, 70% de mes investissements dans l’immobilier, 20% d’obligations et 10% d’actions non cotées (start-ups).

Diversifier sa liquidité

L’avantage, c’est qu’en diversifiant tes investissements, tu diversifies aussi ta liquidité. Parce que, oui, la liquidité est différente entre l’immobilier en dur (la pierre), l’immobilier papier, les obligations, les actions cotées et non cotées.

Dans certains cas, tu es pieds et poings liés pendant 5 à 10 ans, parfois 12 à 18 mois, et dans d’autres tu récupères le cash en 5 minutes.

Par exemple, si mon immobilier est bloqué pendant 15 à 20 ans, j’ai quand même la possibilité de vendre facilement (car les biens sont situés dans des villes où le marché est fluide) et récupérer du cash sous 6 mois.

Quant aux obligations auxquelles je souscris, elles ont une maturité de 6 et 24 mois, donc une liquidité entre 6 et 24 mois.

Côté start-ups, c’est une autre histoire puisqu’on n’a quasiment aucun levier sur la liquidité. On fait comment alors ? On attend ! Au mieux, ça peut durer 2 ans, mais plutôt entre 7 ou 8 ans dans la majorité des cas. :)

2ème étape : Définir sa thèse

Maintenant qu’on a posé les choses au clair, il est temps de tout t’expliquer. Si tu as décidé d’investir dans des sociétés non cotées (donc généralement des start-ups), il faut définir ta thèse. Et pour ça, on te conseille de répondre aux questions suivantes :

  • Quelle somme peux-tu investir chaque année ?

C’est la première étape. Si, par exemple, tu veux investir 10 000€ par an, il va falloir investir 1 000€ ou 2 000€ dans 5 à 10 projets. La difficulté : les fondateurs de start-ups n’aiment pas les trop petits tickets — trop d’efforts pour eux et trop d’actionnaires à gérer à la fin. Il va donc falloir passer par des clubs deals ou des plateformes de crowdfunding qui vont regrouper les petits tickets dans des véhicules (Special Purpose Vehicle).

Par contre, si on parle de 200 000€ par an, tu peux mettre 10 ou 20 tickets de 10k€ à 20k€ dans 10 à 20 start-ups en direct. Plus besoin de passer par des club deals !

De mon côté, l’an dernier j’ai mis une trentaine de tickets en start-ups, chacun de 1 000€ à 10 000€.

Et avec Super Capital VC, on investit une soixantaine de tickets par an. Tous entre 50 000€ et 100 000€ pour le premier ticket, et entre 50 000€ et 400 000€ pour le 2ème ticket, quand on connaît mieux la boite ;)

  • Dans quel pays veux-tu investir ?

Préfères-tu limiter tes investissements à la France, l’Europe ou voir encore plus grand ? Cela peut, aussi, être une manière de se diversifier ! Petit tips : si tu veux, par exemple, investir aux États-Unis,  Angel.co te propose de le faire très facilement.

Personnellement, j’ai fait le choix d’investir environ 50/50 entre la France et le reste du monde (notamment aux États-Unis).

  • Sur quelles thématiques souhaites-tu investir ?

Même chose, y a-t-il un secteur d’activité que tu connais bien ou un secteur qui te paraît avoir le vent en poupe ?

Ce que je fais ? J’investis dans les secteurs que j’aime bien, que je connais au moins un peu, et, surtout, dans lesquels le produit me parle.

  • Préfères-tu être « dormant » ou actif dans la boîte où tu investis ?

Tu veux apporter de la valeur au CEO, ouvrir des portes, conseiller sur la stratégie ? Tout cela dépend bien sûr de ta légitimité sur le sujet mais aussi de ta relation avec le CEO.

De mon côté, je suis dormant dans 90% des boîtes desquelles je suis actionnaire. Et je suis actif notamment chez L’atelier Genevieve, Cigoire et un petit peu My Beez Box et YMO !

  • À quel stade de maturité de boîtes veux-tu investir ?

Au tout début, quand il n’y a pas encore de revenus ? On parle alors de pré-seed.

Ou bien, préfères-tu que le « Product Market Fit » soit prouvé, avec 10 à 20k€ de MRR (Revenu Mensuel) déjà assuré ?

Dans ce deuxième cas, demande toi si tu souhaites voir ces 10 à 20k€ de revenus générés avec un seul client ou si tu préfères qu’ils soient répartis sur plusieurs clients.

Tu peux, aussi, préférer les boîtes qui ont déjà dépassé le 1M€ de revenus annuels. On ne va pas te mentir, c’est plus dur à trouver. Encore plus dur ? Trouver une boîte déjà rentable !

Personnellement, j’investis en pré-seed quasi uniquement quand il s’agit de Serial Entrepreneurs — ou que j’ai une conviction très forte. Le reste du temps, j’attends un début de monétisation saine (c’est-à-dire quand l’entreprise a déjà plusieurs clients et un business model récurrent et solide, en croissance mensuelle).

  • Quand souhaites-tu sortir ?

Dès que possible ? Ou, au contraire, préfères-tu rester le plus longtemps possible ?

Là encore, les stratégies sont très diverses (et il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses !). Certains préfèrent sortir dès qu’ils le peuvent — quand il y a un gros tour de financement type Séries B par exemple — pour réaliser leur plus-value et récupérer leur cash pour potentiellement le réinvestir ailleurs ou le dépenser. Quand d’autres veulent faire le plus gros multiple possible et restent jusqu’au bout — jusqu’à la cession ou l’IPO.

Ce que j’aime, c’est : sortir partiellement (à 50%) quand j’en ai l’occasion, pour sécuriser un multiple sympa (2x, 3x ou plus) et garder les 50% restants pour essayer d’atteindre le plus gros multiple possible sur cette partie.

  • Préfères-tu un business model solide avec un CEO " moyen + " ou un business model encore fragile mais avec un CEO " exceptionnel " ?

Point bonus, si les deux conditions sont réunies — C’est l’idéal ! :)))

De mon côté, ce sera la seconde option, sans hésitation !

Toutes ces réponses sont évidemment très personnelles. Ne te laisse pas influencer, parce que n’oublie pas qu’in fine, c’est toi qui investis !

Alors, c’est quoi ta thèse d’investissement ?

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